Synapsis
Acte I – Pré-tension
Sous la voûte d’acier de la conscience,
les câbles s’entortillent
comme des serpents sans yeux.
Chaque pulsation est un avertissement.
L’air sent le fer, l’ozone,
et la rouille des pensées
qui n’ont jamais été dites.
Le vide entre deux pôles
est un gouffre miniature.
On croit pouvoir le franchir…
mais la distance est aussi tranchante
qu’une lame froide.
Ici, rien ne touche directement :
tout passe par le choc,
tout passe par le feu.
Acte II – Premier impact
Et puis… l’étincelle.
Une morsure de lumière.
Un ordre froid traverse la chair.
Le courant ne demande pas la permission —
il fracture,
il envahit,
il imprime sa loi sur la matière vivante.
Les synapses claquent,
comme des relais dans une machine géante.
Chaque contact est une frappe,
chaque silence, une menace suspendue.
Les signaux hurlent sans voix,
parcourant les couloirs invisibles du cerveau.

Acte III – Saturation
Le réseau s’enflamme.
Les arcs électriques grignotent l’obscurité.
La mécanique neuronale se tord
sous la pression du flux.
Plus vite.
Plus fort.
Toujours plus fort.
Le corps devient une usine,
le cerveau une centrale
qui ne peut pas s’arrêter.
Chaque impulsion est un marteau,
forgant dans la masse les souvenirs,
les ordres,
et les instincts.
Ici, aucune place pour l’hésitation :
le signal doit passer.
Peu importe le coût.
Acte IV – Effondrement contrôlé
Puis, la tension se délite.
Le métal refroidit.
Les arcs se font plus rares,
mais plus tranchants.
Les synapses, épuisées,
laissent passer encore quelques ordres,
comme des ultimes battements
avant l’extinction.
Silence.
Noir.
Et, dans cet interstice…
une dernière impulsion.
Minuscule.
Mais assez forte pour tout rallumer.