Inferno
Sous un ciel de plomb, sans lune ni grâce,
Je m’avance seul, là où la vie se casse.
Les gargouilles pleurent des larmes de fiel,
Et les cloches brisées hurlent au ciel.
Les croix s’inclinent dans les nécropoles,
Ombres de marbre aux prières folles.
Les roses noires se fanent sans bruit,
Sur la voie putride, sœur de la nuit.
Chaque pierre saigne une ancienne offense,
Chaque brise exhume la pestilence.
Le vent porte des soupirs défaits,
Des serments morts, des aveux secrets.
Mes pas résonnent dans la nef maudite
D’un monde oublié, d’une foi détruite.
La chair ici pourrit avec dignité,
En offrant son âme à l’éternité.
Mais au fond des cryptes, au creux du déclin,
Un souffle murmure, glacé mais divin :
Car même la mort, dans son linceul vide,
Abrite un chemin…

Dans les couloirs où l’ombre s’étire,
S’élève un râle, un souffle impur,
Une plainte aux relents de cire,
Née du néant, glaciale et sûre.
C’est la voix qui rampe,
Sous les voûtes du cœur trop las,
Elle susurre, lente et crampe
L’âme au fil de son sourd fracas.
Elle a le goût des chairs fanées,
Des vérités mortes au fond
Des tombes aux lèvres damnées
Où pourrissent les faux noms.
Elle parle, et le silence fane,
La lumière fuit son écho,
Ses mots saignent, lourds, profanes,
Comme des clous sur un tombeau.
Elle connaît tous les visages,
Même ceux qu’on ne montre pas,
Elle invoque les vieux naufrages
Et les regrets qu’on ne dit pas.
Fuis si tu l’entends, trop tard,
Elle marque ceux qu’elle nomme,
Car sa voix suinte le cafard,
Et chante la fin de l’homme.