Conte pour celles,
ceux et celleux
qui brillent autrement.
Il apparaît les soirs de brume,
quand la lune se penche un peu,
et que le monde oublie d’être cruel.
Un frisson de lumière dans l’herbe mouillée,
un parfum de cendres sucrées.
Alors s’ouvre le velours du réel,
et le Queer Circus naît.
Le cirque des âmes en feu
De rideaux cousus de secrets,
Aux trapèzes suspendus à l’espoir,
les tambours battent au rythme
de cœurs qui refusent de se cacher.
On y entre sans ticket —
juste avec une faille dans la poitrine
et l’envie, peut-être,
d’aimer sans permission.
Misha aux cent voix
Misha, la meneuse, est faite d’étoiles anciennes.
Ses cheveux sont un torrent de lunes rasées,
ses mains tremblent de tendresse et de rage.
Quand elle parle, les chaînes tombent,
et quand elle crie, les frontières reculent.
Son rire est un couteau dans le silence du monde.
Les autres funambules
Il y a Romy, l’homme qui vole
avec des ailes cousues de jupons oubliés.
Quand il passe, le vent sent la lavande et la rébellion.
Isa & Lo, les clowns sans genre,
font rire les blessures
et danser les étiquettes jusqu’à l’effondrement.
Et Sacha, l’illusionniste du vrai,
tend des miroirs qui ne mentent pas.
Dedans, tu n’es pas « trop »,
ni « pas assez » — tu es juste toi.
Radieux, flou, entier, éclaté.

Minuit. Le chapiteau retient son souffle.
Les projecteurs vacillent, et la nuit devient scène. Un voile d’ombre chatoyante s’élève, poussière d’étoiles dans un souffle de soie. Misha s’avance, silhouette flottante vêtue d’un tutu noir constellé de paillettes argentées. Sa présence irradie l’obscur–le conteur nocturne du spectacle.
Chaque mouvement est une poésie : les bras s’allongent tel un rêve aérien, le corps s’enroule dans une spirale mystérieuse. Le ruban qu’elle tient s’anime, devient serpent de lumière phosphorescente, serpentant autour d’elle comme une danse astrale. Le public retient son souffle.
Le roulis d’un tambour sourd s’élève, battement primordial qui rythme une lente apothéose. Soudain, elle se hisse dans les airs, portées acrobatiques défiant la gravité. Son visage s’illumine d’un sourire énigmatique ; ses yeux reflètent l’infini céleste, tandis que ses doigts dessinent des arabesques lumineuses dans le noir.
Un silence sacré précède l’instant-clé : une pose suspendue, bras tendus vers l’univers, le corps arquant comme un croissant de lune. Le ruban tremble, vibrant d’une aura frémissante. Puis, le globe lumineux qu’elle tient explose en une pluie de scintillements dorés, éclairant l’ensemble du chapiteau comme un ciel de nuit atemporel.
Le public exulte — des murmures émerveillés, des applaudissements vibrants. Minuit résonne dans chaque regard, chaque battement de cœur, comme une promesse de liberté, d’identité affirmée, de beauté transgressive.

Le cirque repart
Au lever du jour, il n’en reste rien.
Rien, sauf un éclat au coin de l’œil,
et peut-être un mot neuf
pour te nommer.
Car le Queer Circus n’est pas un lieu.
C’est un sortilège.
Un battement d’ailes dans la norme.
Un carrousel pour les âmes en révolution lente.
Et parfois, dans le reflet d’une vitrine,
au détour d’un rêve,
il revient,
juste pour te rappeler :
« Tu n’es pas seul·e.
Tu n’as jamais été seul·e. »