La solitude de l’automate I Automata Solitude
Dans l’ombre d’un vieux cabinet de bois,
Reposent sans vie, sans souffle, sans voix,
Des êtres d’horloge au regard de verre,
Aux gestes figés, à l’âme éphémère.
Ils dansent encore, sous clé remontés,
Des valses anciennes au rythme brisé.
Leurs mains d’acier, polies par le temps,
Égrènent les heures dans un souffle lent.
Leurs cœurs battent fort — d’un tic-tac d’ivoire,
Un cœur qui s’ignore, mais garde mémoire.
Ont-ils un soupçon de rêve ou d’effroi,
Dans la solitude où nul ne les voit ?
Leur sourire peint, si faux, si précis,
Cache-t-il l’écho d’un lointain souci ?
Un soupir d’étain, une larme rouillée,
Que nul inventeur n’a jamais codée.
Créés pour charmer, pour singer la vie,
Ils guettent la nuit, quand le monde oublie…
Et peut-être un jour, sans vis, ni ressort,
Ils danseront seuls — enfin faits de corps.


In the shadow of an old wooden cabinet,
Lie lifeless, breathless, voiceless,
Clockwork beings with glassy stares,
Frozen gestures, fleeting souls laid bare.
They dance still, wound by a key,
To broken rhythms of old-timey glee.
Their steel hands, polished with age,
Mark the hours in a slow-paced stage.
Their hearts beat loud — in ivory tick-tock,
A heart unaware, yet holding the clock.
Do they dream, or tremble with fright,
In solitude, hidden from light?
Their painted smiles — so false, so precise —
Do they veil a distant worry’s slice?
A tinny sigh, a rusted tear,
No inventor ever thought to engineer.
Made to charm, to mimic the real,
They watch the night, when time stands still…
And maybe one day, freed from gears and spring,
They’ll dance alone — as living things.